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COMMENT ÊTRE JOURNALISTE À GAZA?

Pour les journalistes courageux présents à Gaza les conditions de travail sont très difficiles. Ils doivent bouger sans cesse afin d’échapper aux bombardements, c'est-à-dire jouer à la roulette russe.

 

 

Pour les journalsites présents à Gaza, approcher des zones de combat est impossible, sauf à être des kamikazes. Cette réalité d’une guerre cachée est frustrante dans une bataille où l’on ne voit ni chars israéliens ni tireurs de RPG du Hamas. Les confrères sont donc assignés, par nécessité,  à filmer la mort dans les couloirs d’hôpitaux, ou des décombres d’immeubles d’où des enfants tentent d’extraire un livre, un cahier ou une casserole intacts.

Khaled Hamad, un caméraman palestinien de 25 ans, pour avoir tenté de filmer les blindés israéliens est mort. Un sniper l’a assassiné alors qui portait sur la poitrine  un sigle « Press » parfaitement visible. Le Syndicat des journalistes Palestiniens nous révèle aussi que deux autres confrères, Karim Tartouhi et  Mahmoud al-Louh ont été gravement blessés par des tirs intentionnels.  Jim Boumelha, le président de la Fédération Internationale des Journalistes  a déclare, à propos de ces reporters tirés comme du gibier : «  Ce que nous sommes entrain de voir à Gaza est horrible et choquant. Les journalistes doivent être libres de rapporter ce qui arrive sans être ciblés par l’armée. Nous demandons à Israël  de stopper immédiatement ces attaques. »

Paroles perdues. Le 25 juillet un obus, qui heureusement n’a pas explosé, a été directement tiré dans l’appartement d’un « fixeur », c’est à dire ce guide indispensable qui aide la presse à faire son travail dans des zones si périlleuses. Par chance, Rami Abou Jammous et sa mère ont échappé à la mort. Ce gazaoui parfaitement bilingue, après avoir collaboré au Monde, travaille aujourd’hui pour des télévisions françaises.

Je connais personnellement la haine qu’éprouvent les responsables israéliens pour les journalistes et leurs « fixeurs ». Le 20 octobre 2 000, à Ramallah, j’ai été la victime (miraculée) d’un sniper de l’armée de Tel-Aviv qui m’a logé une balle de M16 dans le poumon. Quelques jours plus tard le magnifique Abdel Khorty, mon ami et mon guide, a été coincé » par un commando de militaires alors qu’il rentrait chez lui. Bilan, les doigts coupés puis une balle dans la tête. Abdel est un mort au champ d’honneur de la liberté de presse.

En ce qui me concerne, « l’enquête » soi-disant diligentée par Israël s’est perdue dans les mensonges et le sable. La politique de l’armée d’occupation étant d’annoncer une enquête, vernis démocratique, puis de ne rien faire. L’affaire Rachel Corrie, écrasée par un bulldozer, étant un parfait exemple de cette stratégie.

Je me permets donc, par expérience et très modestement, de mettre en garde les amis courageux présents à Gaza. Plus le bilan des morts d’enfants, de femmes et autres civils palestiniens va monter, plus l’armée va piétiner, plus le danger sera grand qu’ils soient pris pour cibles. Lors de la seconde Intifada, en 2000, subitement et en quelques jours, 29 journalistes ont été victimes de « cartons » des soldats israéliens.

 

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