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9 Août 2014
Après les lourdes pertes subies le 21 juillet 2014, lors d’une offensive terrestre, à proximité du quartier de Chajaya, à l’est de la bande de Gaza, tous les membres de la brigade Golani ont été arrêtés par leurs supérieurs pour refus de combattre. D’un commun accord, les soldats du régiment de Tsahal ont désobéi. Ces révélations proviennent du site israélien 0404. Les soldats héroïques de Sion, représentant pourtant la quatrième armée du monde, ont peur d’affronter les pauvres combattants de Gaza. Ce corps de commando d’élite a perdu treize hommes, dont son vice-commandant.
Un autre site israélien, Walla, a recueilli les confessions d’un soldat rescapé : « Une opération très dure, sans égale », raconte le soldat épouvanté. « Nous avons vu le commandant de l’unité gisant dans une mare de sang avec la jambe arrachée. Son adjoint a aussi été assassiné. Le commandant de l’unité de l’intelligence militaire a été gravement blessé. En tout premier lieu, nous pensions que le blindé avait été frappé par un missile antichar Kornet. En fait, nous avions devant nous des fantômes qui surgissaient de la terre et attaquaient les véhicules et les soldats sans prêter attention aux chars ; et nous ne savions que faire, nous tirions partout sur des objectifs invisibles. »
La panique. Tel est le descriptif qui colle à cette brigade d’élite de Tsahal, bien plus à son aise pour tirer sur des enfants munis de pierres. Or, cet exercice de couardise s’avère bien insuffisant face à de vrais combattants, déterminés et prêts à mourir.
Le soldat poursuit son récit : « Allongés à même le sol, les soldats blessés ou morts étaient difficiles à identifier à cause des mutilations. Les soldats criaient. Nous n’avions jamais vu une scène similaire. Après les combats, nous n’étions pas capables de reconnaître les nôtres. »
Un autre soldat qui avait assisté au désastre a téléphoné à sa mère : « Ils nous ont bombardé et détruit. Nous avons rampé ventre à terre parmi les morceaux de chairs lacérés de nos camarades. C’était terrible de voir tant de corps mutilés. Ces images me poursuivront pour toujours. » C’est toujours la même chose : la mémoire sélective.
Selon plusieurs sources, le motif réel pour lequel Netanyahou a ordonné le « retrait unilatéral » ou la « trêve humanitaire » est le nombre croissant d’effectifs qui refusent d’obéir aux officiers. Tsahal compte officiellement soixante-deux soldats tués. Le bilan réel étant bien supérieur selon la presse israélienne. Celui-ci est exceptionnellement élevé pour l'armée israélienne qui, évidemment, ne s’attendait pas à une résistance aussi efficace de la part des militaires du Hamas qui, pour la première fois, sont apparus bien formés. En 2008, dans l’opération Plomb durci, l’armée juive n’a eu que huit morts.
En effet, les plans d’attaque ne se sont pas déroulés comme prévu pour l’armée de Tsahal, qui s’est trouvée opposée à de vrais combattants. Le Debkafile, site Internet du Mossad, reconnaît que « les troupes sortirent de Gaza sans avoir obtenu tous les résultats espérés. En dépit d’une semaine de bataille, Tsahal n’a pas pu pénétrer dans le territoire au-delà de 1 à 3 kilomètres, laissant des aires sans contrôle. Ainsi, les soldats ont seulement ciblé les tunnels qui traversaient la frontière d’Israël. (…) Le Hamas, avec l’aide des soldats iraniens et du Hezbollah a construit un système de labyrinthes avec des accès tous les dix mètres. Ce système est déconcertant. Le porte-parole de Tsahal et les politiciens, inquiets, veulent rassurer une population effrayée par des ennemis féroces qui surgissent de la terre. Une terreur qui a entraîné un déplacement de population au nord des roquettes ».
Debka affirme : « Les surprises continuent. Un ample tunnel cimenté qui aboutissait en Israël a été découvert avec deux mobylettes à l’intérieur, permettant la fuite des terroristes [ndlr : des courageux résistants]. »
Les soldats israéliens, pour venger lâchement les camarades morts, ont délibérément assassiné des civils, pris pour cible notamment par des tireurs d’élite. Certaines de ces représailles héroïques ont été dénoncées par l’Human Right Watch. Dans la ville de Khuza, après une demande de sommation adressée à la population, les soldats de Tsahal ont ouvert le feu, faisant ainsi un grand nombre de morts. « Le premier à sortir de la maison, Shahid al-Najjar, avait les mains levées, mais un soldat israélien a tiré, le blessant grièvement à la mâchoire. Les soldats israéliens ont également détenu des hommes et des enfants de quinze ans à Khan Younis. Les soldats israéliens ont tiré sur des groupes désarmés, en tuant un et en blessant deux autres, » rapporte cette ONG de défense et de protection des droits de l’homme.
Toujours à Khuza, Jesse Rosenfeld, envoyé du Guardian et de The Daily Beast, a vu des cadavres décomposés, résultat d’une exécution de masse : les meurtriers avaient rassemblé les habitants dans leur salle de bains « avant de les tuer avec une mitraillette. » « Les murs étaient imprégnés de sang. Sur les douilles étaient marqué le sigle IMI (Israel Military Industries). » Le massacre semblait remonter au début des opérations.
Le Pr As’ad AbuKhalil, diplômé de sciences politiques à l’Université de Californie, affirme : « Le Hamas et les autres groupes de combattants ont fait preuve d’une stratégie efficace pour faire obstacle à Israël et empêcher une progression habituelle dans les précédentes opérations. »
D’après cet universitaire, il n’y a pas de doute que « l'efficacité du Hamas s’est forgée sur l’expérience du Hezbollah.... Tout ce qu’Israël possède, ce sont des armements perfectionnés et la disposition à violer toutes les lois de guerre, plus un mépris total pour les civils de l’autre camp. Mais il y aura encore des surprises ! »
Traduction de l’article de Maurizio Blondet, L’eroico Tsahal se l’è fatta sotto (Effedieffe).