Le peuple mapuche est le peuple originaire du Chili, il constitue 10 % environ, de la population actuelle du Chili. C'est le seul peuple originaire d'Amérique latine qui n'a pas été vaincu par la colonisation espagnole, obligeant celle-ci à signer avec ses autorités traditionnelles des traités reconnaissant les territoires s'étendant, du sud du Bio Bio jusqu'à l'île de Chiloe, comme territoires autonomes Mapuches.
En 1810, L'indépendance du Chili déclenche un formidable génocide qui fait passer la population mapuche de 1 800 000 à 360 000 personnes en 20 ans.
Les Mapuches sont alors enfermés dans des réserves et "pacifiés", leurs terres spoliées, leur culture niée, leurs traditions et leur langue interdites.
En 1973, le coup d'état militaire du général Pinochet frappe, de nouveau, durement les Mapuches dont bon nombre sont alors, torturés, fusillés ou portés disparus.
En 1989, la transition démocratique n'apporte aucune amélioration spécifique à la condition de vie des Mapuches, les multinationales et les riches latifundistes Chiliens, qui ont récupéré des milliers d'hectares sous Pinochet, continuent d'exploiter leurs terres spoliées et de les menacer dans leurs vies et dans leurs traditions. En 1992, les premiers soulèvements Mapuches ont lieu, depuis, et sans que les gouvernements successifs n'apportent aucune autre réponse qu'une répression féroce, ils continuent de lutter contre la déforestation, les mégas projets de centrales hydroélectriques, la contamination de leurs sols par des décharges sauvages, les discriminations économiques, sociales et raciales dont ils sont l'objet, au quotidien. L'arrivée de RICARDO LAGOS et les politiques mondiales du "tout sécuritaire", relèguent, aujourd'hui, les indiens Mapuches au rang de terroristes et ils sont à ce titre plus deux cent chefs de communautés, autorités traditionnelles, mères de familles, étudiants, simple paysans, incarcérés, inculpés, torturés, ou assassinés, comme ce fut le cas d'ALEX LEMUN SAAVEDRA en novembre 2002.
Le peuple Mapuche est menacé de disparition et il a besoin dans ce Chili, si peu démocratique, de votre soutien et de la diffusion d'informations sur sa réelle situation, ne serait ce que pour démentir l'image idyllique que tente de faire passer le gouvernement Chilien au niveau international, et pour que cessent les violations perpétuelles des droits de l'homme dont il est l'objet à chaque instant.
Les cris des Mapuches restent sans écho
Plusieurs militants mapuches emprisonnés dans le sud du pays mènent une grève de la faim. Ils entendent dénoncer la répression politique dont sont victimes ceux qui défendent les droits de cette population indigène. L'écrivain chilien Pedro Lemebel s'indigne du silence général face à ce drame.
Voilà plus de soixante-dix jours que mes frères mapuches sont en grève de la faim. Au même moment, notre pays glouton se goberge, multiplie les réveillons, les banquets, les réceptions données dans les palais pour des visiteurs impériaux venus déguster le saumon au pilpil, le
charquican [plat traditionnel chilien] ou les papayes au basilic que leur sert la présidence. La honte est un plat fort amer, bien difficile à avaler, quand on sait que des membres d'une communauté du sud du pays ont entrepris une grève de la faim pour protester contre l'injustice, contre la maudite loi antiterroriste. Une loi aux relents dictatoriaux qu'on leur a imposée parce qu'ils défendaient leurs droits ancestraux.
Une fois de plus, le beau peuple mapuche est agressé sur sa propre terre. Je pense à ses prairies vert olive, à ses montagnes bleues, jaunes, roses – aux paysages du Sud où les tournesols mettent des touches d'aquarelle, et où jadis ce peuple indompté regardait l'aurore sans lunettes de soleil. Quelle honte de penser que des Indiens sont derrière les barreaux pour avoir secoué le joug culturel qu'on leur impose, pour s'être révoltés contre les multinationales qui polluent leurs eaux claires, leurs neiges éternelles, leur forêt vierge. Et que faire de cette colère quand on voit que les chaînes de télévision n'informent presque pas sur cette mobilisation, qui se soldera peut-être par la mort d'un gréviste de la faim ?
Certains d'entre eux, comme Patricia Troncoso, urinent du sang, ont des nausées et ne tiennent plus debout. Personne ne dit rien. Les politiciens baratineurs se gavent de mets raffinés dans les banquets du Parlement, bouddhas rendus obèses par leur propre logorrhée. Puisse une diarrhée putride les emporter dans la cuvette des WC jusqu'à l'océan ! Mais rien n'y fait, ils ne se départissent pas du sourire hypocrite qu'ils arborent devant les caméras. Entre petits fours et canapés, ils n'arrêtent pas non plus de ruminer leurs discours. Ils bouffent, rebouffent et se bouffent eux-mêmes en un minable festin. Manger et chier, tel est le moyen qu'ils ont trouvé pour continuer à ignorer que des Mapuches refusent toute nourriture. Des actes autistes qui reviennent à refuser de discuter, à ne pas assumer la langue du conquistador. Qui ne dit mot consent ? Il n'y rien à consentir ni à céder, en l'occurrence. A Temuco, on va construire un aéroport sur les tombes de leurs ancêtres. Que diraient les friqués si l'on faisait la même chose dans leurs pompeux cimetières catholiques ?
L'année se terminant, tous ont réveillonné. Au menu : dinde, faisan, autruche, filet ; mieux encore : poisson, dit la friquée en mordant dans une olive farcie aux anchois. Entre-temps, là-bas, dans le Sud pluvieux, les bouches fermées de la terre agonisaient dans leur grève de la faim. L'année 2007 s'est achevée et la dernière feuille du calendrier est tombée, tandis que de grosses larmes roulaient sur la joue rugueuse d'une grand-mère
machi (chamane). L'année s'en est allée, saluée une dernière fois par de coûteux feux d'artifices. Quant aux membres des communautés mapuches, on leur a grillagé le ciel. Ce nouvel an leur fait vraiment mal au ventre.
La Nacion