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270 morts dans la rue

 

 

SDF :  270 morts dans la rue comptabilisés en 2007

 

 

Environ 270 à 280 personnes ont trouvé la mort dans la rue, un chiffre à peu près identique à celui de 2006, selon une comptabilité effectuée par le collectif "Les morts de la rue", a-t-on appris lundi 31 décembre. "Nous comptons approximativement 270 à 280 morts en 2007", a indiqué Christophe Louis, membre du collectif, interrogé par l'AFP.
                        
Christophe Louis a expliqué l'imprécision des chiffres par le fait que le collectif ne peut regrouper que les décès dont il avait eu connaissance, de sorte que les chiffres communiqués ne représentent qu'"une très petite part de la réalité", selon lui.
"C'est pourquoi nous demandons à être avertis des décès par les autorités compétentes", préfectures ou services hospitaliers, a déclaré Christophe Louis.
Police et gendarmerie ne dressent pas à ce sujet de statistiques nationales, a-t-on indiqué au ministère de l'Intérieur.

 

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E
                      André, mort de froid et de solitude <br /> Retrouvé près de son fauteuil roulant dans le bois de Vincennes, ce sans-abri de 60 ans avait séjourné dans divers centres d’accueil. Une lente dégringolade dans la marginalisation.<br /> <br /> <br /> André Gérard a été retrouvé mort, mardi matin (8/01/2008), couché à côté de son fauteuil roulant à l’orée du bois de Vincennes. Sur lui, une simple couverture. «La cause directe de son décès est probablement le froid», affirme Augustin Legrand, le chef de file des Enfants des Don Quichotte, accouru sur les lieux le matin même. «Mais dans la rue, les gens meurent à petit feu du fait de leur état de faiblesse, de leur santé dégradée, de lassitude et de désespoir.» Le corps sans vie d’André Gérard a été découvert par son ami Patrick, dit «Zago», rencontré quelques semaines plus tôt dans un centre d’hébergement d’urgence de la Croix-Rouge à Villejuif (Val-de-Marne).<br /> <br /> <br /> <br /> Les deux hommes y ont séjourné en novembre et se sont liés d’amitié. Mais à l’issue de cette période, ils se sont retrouvés de nouveau à la rue. «La Croix-Rouge a proposé à André Gérard d’intégrer un hôtel social à Fresnes, adapté à son handicap», raconte Laurent Baptiste. Ce médiateur auprès des sans-abri tente de comprendre comment André Gérard, suivi par les services sociaux, «a pu mourir seul à côté de son fauteuil dans un bois». L’homme aurait refusé de se rendre à Fresnes, parce qu’il «n’y connaissait personne» et qu’il aurait dû se séparer de «Zago», devenu le pousseur de son fauteuil. «Zago» était les jambes d’André Gérard .<br /> Classeur. Le 3 décembre au matin, les deux hommes s’installent dans le bois de Vincennes. Pourquoi ce lieu ? «Parce qu’André y avait déjà vécu un an plus tôt. Et aussi parce qu’il était suivi par l’association Entraide et partage dans cette commune», avance Laurent Baptiste.<br /> André Gérard avait en permanence sur lui un classeur contenant divers documents, auquel Libération a eu accès. Ces dernières semaines, il l’avait confié à «Zago», lui indiquant qu’il devait le remettre aux Enfants de Don Quichotte au cas où il lui arriverait quelque chose. Ce classeur contient des coupures de presse relatant le campement du canal Saint-Martin, à Paris. Un écrit de sa main nous apprend qu’il avait entamé une «grève de la faim» pendant cette période, en solidarité avec les campeurs. Divers autres documents permettent de reconstituer, du moins partiellement, le puzzle de sa vie.<br /> André Gustave Gérard était né le 14 mars 1947 à Montreuil (Seine-Saint-Denis). Ce célibataire aurait eu 61 ans dans deux mois. Sa mère, Yvette, veuve avec un enfant, s’était remariée. André était né de cette seconde union. Son demi-frère vit à Montreuil, mais Libération n’est pas parvenu à entrer en contact avec lui. Un relevé de points retraite indique qu’André Gérard a commencé à travailler à 16 ans comme électricien. Ce document témoigne d’une activité salariée jusqu’en 1980, ponctuée probablement par quelques périodes de chômage, comme en attestent des baisses soudaines de ressources, notamment pendant les périodes 1973-1974 et 1979-1980. Après 1980, le relevé est pratiquement vierge. A ses copains de la rue, André racontait qu’il avait ensuite passé une vingtaine d’années dans les communautés d’Emmaüs et se disait «l’ami de l’Abbé Pierre».<br /> Lettre. Dans son classeur, on trouve les traces d’un passage dans trois communautés, à différentes périodes. En 1994, il séjourne dans la communauté de Soissons (Aisne) ; début 2003, il passe quelques semaines dans celle de Magny-Cours (Nièvre) ; puis il intègre en décembre 2003 la communauté de La Chapelle-Saint-Ursin, près de Bourges (Cher), où il restera plus de deux ans. Il la quitte le 23 mars 2006. «Il avait une grosse infection au pied, mais refusait de se faire hospitaliser. Les autres compagnons lui ont mis la pression pour qu’il se fasse soigner», indique une porte-parole d’Emmaüs. «Il l’a mal pris. Il leur a dit qu’il n’irait pas à l’hôpital de Bourges et qu’il les quittait pour se faire soigner à Paris.» Mais ce départ semble être motivé par une autre raison, qu’André Gérard a caché à ses compagnons.<br /> Quelques mois plus tôt, en août 2005, il a reçu une lettre d’un généalogiste l’informant qu’il hérite d’un oncle sans enfants. L’actif successoral est de 158 500 euros à partager à parts égales avec son demi-frère. Mais son héritage se réduit à 34 500 euros une fois les droits et frais de succession déduits. Et à cette somme seront encore soustraits les honoraires salés du généalogiste (16 027 euros). En juillet 2007, il perçoit finalement son chèque de 17 907,20 euros et le dépose sur un compte qu’il ouvre au Crédit Lyonnais. Quelques mois auparavant (en février mars), André Gérard avait été hospitalisé à Saint-Antoine pour soigner sa jambe. Puis il a séjourné dans un centre de rééducation fonctionnelle. Lorsqu’il en sort, il est en fauteuil roulant. Il prend une chambre dans un hôtel à Mantes-la-Jolie (Yvelines). Fait des rencontres. Sur un petit bout de papier, il parle de «Marie la Princesse». Fait plusieurs chèques de 1 000 euros dont on ignore les bénéficiaires.<br /> Le 9 août, il retire 5 000 euros de son compte. Fin octobre, il est sur la paille. Il lance alors des appels à l’aide. Dans son classeur, une lettre destinée à «Monsieur le président» est datée du 1er novembre.<br /> <br />
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