unevoix.info

On parle de politique, de luttes sociales, d'écologie, de la Palestine, de poésie, d'amour même et de plein d'autres choses, et surtout, surtout de tout ce qu'on veux...

ISRAËL-AZERBAÏDJAN : L’AXE DU MAL !

 

Arménie Israël Azerbaïdjan Karabakj
Cette image issue d’une vidéo réalisée par le ministère azerbaïdjanais de la Défense montre des soldats en opération dans la province séparatiste du Karabakh.

 

Depuis le 27 septembre, une coalition composée de l’armée azerbaïdjanaise, de l’armée turque et de mercenaires djihadistes a lancé une vaste offensive blitzkrieg contre la République autoproclamée de l’Artsakh et l’Arménie. Si au bout de vingt jours, les gains territoriaux semblent minimes, les pertes humaines de part et d’autre sont considérables. Forts de leur supériorité technologique que leur confèrent de redoutables drones kamikazes livrés par Israël, l’Azerbaïdjan pratique un terrorisme d’Etat à l’encontre des populations civiles

Le premier est un Etat qui nous a appris à relativiser l’impact du droit international ; le second une dictature pétro gazière classée 168e sur 180 selon le rapport de RSF. Ensemble, unis pour le meilleur ; pour l’instant le pire.

En 2008 déjà Wikileaks avait fait fuiter le télégramme de l’assistant chef de mission de l’ambassade américaine à Bakou, Donald Lu, envoyait au quartier général du département d’État à Foggy Bottom. Dans ce câble titré : « La symbiose discrète de l’Azerbaïdjan avec Israël», on pouvait y lire une citation du président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, décrivant la relation de son pays avec l’État juif comme un iceberg : « Les neuf dixièmes en sont sous la surface ». Impossible de comprendre en effet, l’alliance qui lie l’Azerbaïdjan et Israël sans jeter un coup d’œil sur une carte. L’Etat hébreux fut l’un des premiers pays à reconnaître l’indépendance de l’Azerbaïdjan en 1992 alors que ce dernier cherchait à retourner le rapport de force en sa faveur contre les Arméniens. Israël y voyait une occasion rêvée de mettre en œuvre sa « diplomatie de la périphérie », censée lui permettre de surmonter l’encerclement par des pays arabo-musulmans hostiles en nouant des liens avec le « deuxième cercle » comprenant des Etats musulmans non arabes : hier, l’Iran du Shah, l’Ethiopie et les Kurdes d’Irak, aujourd’hui l’Azerbaïdjan.

Un partenariat géostratégique, une alliance naturelle

Les échanges bilatéraux touchent à tous les domaines, de l’agriculture au tourisme en passant par les télécommunications. Mais ils comprennent également un volet bien plus sensible. La coopération sécuritaire étant très intense, les services secrets israéliens sont, de fait, familiers de la très longue frontière de l’Azerbaïdjan avec l’Iran ; un sujet dont on ne parle ni à Bakou ni à Tel-Aviv. Car c’est un secret de polichinelle, l’Azerbaïdjan est devenu progressivement une base arrière pour les services de renseignement israélien dans le cadre de leur agissements contre l’Iran. Une convergence d’intérêt géostratégique est confortée par la crainte de Bakou face aux ambitions expansionnistes de Téhéran, vis-à-vis de la population azerbaidjanaise, majoritairement chiite. A l’époque de l’administration d’Obama, des responsables américains ont cru bon de savoir qu’Israël avait obtenu l’accès à des bases militaires à la frontière nord de l’Iran, constituant un atout significatif pour l’aviation israélienne. 

En visite en Azerbaïdjan, en août 1997 et en décembre 2016, le Premier ministre, Benyamin Netanyahou, avait déclaré : "Les relations avec l’Azerbaïdjan sont très étroites. Elles seront encore meilleures après cette visite". La relation stratégique comprend la coopération en matière de commerce et de sécurité, et les échanges culturels et éducatifs. Depuis lors, Israël a développé des liens plus étroits avec Bakou et a aidé à moderniser les forces armées du pays. L’armée israélienne aurait été l’un des principaux fournisseurs d’armes d’aviation, d’artillerie, anti-char et anti-infanterie, dans les affrontements qui ont opposé les Azéris aux forces arméniennes en 2016. En 2009, la visite du président israélien, Shimon Peres, en Azerbaïdjan, avait donné lieu à un renforcement des relations militaires, la société israélienne Aeronautics Defence Systems Ltd annonçant qu’elle allait construire une usine à Bakou. Un an plus tard, le président azerbaïdjanais, Ilham Aliev, avait publié un décret interdisant la délivrance de visas dans les aéroports internationaux du pays ; les étrangers devaient désormais demander des visas au consulat azerbaïdjanais le plus proche… à l’exception des ressortissants d’Israël et de la Turquie. 

Plus significatif est l’accord conclu en 2012 entre les deux pays pour un montant d’1,6 milliard de dollars pour l’achat de drones et de systèmes de défense antiaérienne, systèmes radars, batteries anti-missiles, munitions et missiles antichars à l’Azerbaïdjan. Et en janvier 2019, le service national des frontières d’Azerbaïdjan a acheté le kamikaze Sky Striker à la société israélienne Elbit Systems. De sorte que l’Azerbaïdjan est devenu le premier acheteur étranger de ce système offensif.

En contrepartie de ces achats, les autorités azéries se sont engagées à fournir à Israël de grosses quantités de pétrole. Celles-ci représentent environ 40 % des importations israéliennes en la matière et arrivent par un oléoduc qui relie Bakou-Tbilissi au port turc de Ceyhan. Avant d’atteindre Israël, cet oléoduc, d’une capacité de 1,2 million de barils par jour, traverse la Turquie sur 1 000 kilomètres. Ce qui permet à Ankara d’encaisser des royalties importantes. Est-il besoin de le rappeler ? L’autre allié de l’Azerbaïdjan dans la région n’est autre que la Turquie d’Erdogan qui, fait rare, se trouve donc du même côté qu’Israël…

Des engins semant la mort made in Israël

Dès les premiers jours qui ont suivi l’offensive du 27 septembre 2020, l’Azerbaïdjan a déployé des armes de fabrication israélienne sur des cibles arméniennes, tandis qu’Israël continue de soutenir l’Azerbaïdjan en maintenant un canal de livraison d’armes dévastatrices contre lesquelles les forces de défense de la République autoproclamée de l’Artsakh ne peuvent rien ou presqueTrois jours plus tard, Erevan rappelait son ambassadeur à Tel-Aviv pour consultation alors que ce dernier venait d’entrer en fonction. Si l’alliance géostratégique entre Bakou et Tel-Aviv est rarement abordée, celle-ci a une incidence directe dans le conflit en cours. En témoigne le manège d’avions-cargos de la compagnie azerbaidjanaise, Silk Airways, propriété d’une des filles d’Aliev, effectuant des vols en boucle entre l’Etat hébreux et l’Azerbaïdjan, n’a pas cessé tout au long des premières semaines. 

Dans sa guerre d’extermination contre les Arméniens, Bakou peut compter sur les drones israéliens qui lui confèrent un redoutable avantage technologique. Entre le 22 et le 30 septembre, six Iliouchine IL-76, ces cargos gros-porteurs azéris, se sont posés sur la base militaire d’Ouvda, dans le sud d’Israël. Ils sont tous repartis quelques heures plus tard. Il y a fort à parier que la cargaison comprenait des drones fabriqués par les industries aéronautiques israéliennes. Dans une interview au site d’information israélien Walla, Hikmet Hajiyev, le conseiller du président de l’Azerbaïdjan, avait confirmé l’utilisation de drones « kamikazes » Harop dans son offensive contre l’Arménie, au Haut-Karabagh.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article