Dictatures sud américaines

 Reportages: sommaire

 

Un reportage de Martin Barzilai

Dans les années 70, l`Amérique du Sud fut le théâtre d`exactions organisées en commun par les dictatures militaires. Meurtres, enlèvements, tortures et disparitions étaient monnaie courante. Ce terrorisme d`état à l`échelle continentale avait un nom : l`opération Condor. Trente ans après, c`est tout le cône Sud qui reste traumatisé par sa guerre froide. Sous l`appellation Opération Condor se cache l`une des entreprises les plus sinistres jamais montée en Amérique du Sud : une collaboration active entre les différentes juntes visant à éliminer les opposants. En Argentine, au Paraguay, au Chili, en Uruguay mais aussi en Bolivie et au Brésil. Cette secrète entente entre tyrans (Pinochet, Videla, Banzer, Stroessnerr et Bordaberry) mettait au second plan les frontières nationales pour réprimer plus facilement leurs adversaires via une interconnexion des services de renseignements. Si l`opération Condor n`a été qu`un volet de la répression, les différents terrorismes d`Etats ont provoqué un véritable génocide. On dénombre environ 50 000 assassinés, plus de 35 000 disparus et quelque 400 000 prisonniers. Sans compter le nombre d`exilés et les enfants kidnappés et adoptés par des tortionnaires. Si un certain nombre de persécuteurs ou de dictateurs ont été, aujourd`hui, condamnés par la justice de leurs pays, d`autres sont encore en liberté. Dans plusieurs pays, une loi d`amnistie (comme la “ ley de punto final ” en Argentine-1987-) pour les tortionnaires a été votée. Depuis, ces lois ont été remises en cause grâce à une pression populaire importante, et au travail d`association contre l`impunité. Ce reportage a été effectué sur une période de 10 ans. Mais surtout, en 2001, j`ai voyagé entre l`Argentine, l`Uruguay et le Paraguay pour mener une investigation sur l`opération Condor et les responsabilités des pays Européens. Les résultats de cette enquête (qui est encore en cours) ont été publiés dans Alternatives Internationales et l`Humanité.

 

 

"Ensemble, nous pouvons" Inscription sur une maison d'un petit village chilien au nord de Santiago. La volonté collective de sortir du traumatisme, d'exorciser la terreur traverse tous les individus du milieu rural jusqu'aux agglomérations urbaines.

 

 

Cimetière général de Santiago. Le mur en arrière plan a été érigé en 1994, en mémoire des victimes exécutées par les forces de sécurité pendant la dictature du général Augusto Pinochet et lors du coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973. Environ 4000 noms y ont été inscrits. 1002 d'entre eux n'ont pas de date de décès. Il s'agit des disparus, ceux dont l'armée n'avaient pas rendu les corps à la famille. L'architecte et le sculpteur avaient laissé un grand espace vide au milieu du mur prévoyant que d'autres noms pourraient y être bientôt inscrits. Photo réalisée le 11 septembre 1997.

 

Archives de la police politique Paraguayenne. Le 22 décembre 1992, au Paraguay, le juge Fernandez et l`avocat Martin Almada découvrent les archives de l`horreur. Parmi ces 4 tonnes de documents, on trouve les traces d`une collaboration soutenue entre les différents régimes militaires. Les chefs d`état-major et les tortionnaires se réunissaient régulièrement pour constituer des fichiers centralisés des opposants.

 

  

Document émanant de la police Uruguayenne. On remarque ici l'inscription "muerta" recouvrant l'un des portrait. L'inscription "Bs As" (Buenos Aires) localise le lieu du décès. Les dictatures du Paraguay, de l'Uruguay mais aussi de l'Argentine étaient en communication constante pour faire la chasse aux opposants politiques.

 

D'une statue de bronze du dictateur Stroessner naguère trônant au sommet du Cerro Lambaré, l'artiste Espagnol Juan de Avalos en a fait des morceaux et les  a écrasé sous un block de ciment. Le général Alfredo Stroessner a instauré la dictature la plus longue du 20e siècle en Amérique du Sud (1954 - 1989) imposant un culte de sa personne.Alors qu'il était recherché au Paraguay pour crime contre l'humanité, il meurt à 93 ans, exilé à Brasilia, en août 2006.

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"Prison de Libertad", en français, "La prison de la Liberté"(Uruguay)...L'humour macabre des tortionnaires.... Pendant la dictature, les tortionnaires uruguayens et Argentins ont utilisé ce lieu de détention pour torturer les opposants et expérimenter de nouvelles méthodes de déstabilisation psychologique: ainsi parmi les "moins brutales", les prisonniers étaient régulièrement réveillés en pleine nuit, les horaires des repas et des promenades étaient constamment changés.

 

 

 

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Mères de la place de la place de mai. Buenos Aires (Argentine). Défilant une fois par semaine depuis le coup d'Etat militaire de 1976, ces femmes ont toujours réclamé aux autorités des explications sur la disparition de leurs enfants. Toujours présentes sur le terrain des luttes sociales, elles sont considérées encore aujourd'hui comme une référence. photo réalisée en mai 2007.

 

 

 

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Fresque murale dans le centre de Buenos Aires, le jour de la manifestation en commémoration des 30 ans du coup d'Etat militaire. La fresque représente les mères des disparus pendant la dictature montrant les photos de leurs enfants. Buenos Aires. Mars 2006.

 

 

 

 

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 Manifestation de commémoration des 30 ans du coup d'Etat militaire. Mars 2006

 

 

 

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"Plus Jamais", pochoir représentants les dirigeants de la dictature. Manifestation en commémoration des 30 ans du coup d'Etat militaire. Buenos Aires. Argentine. Mars 2006.

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