Le volcan espagnol

Quotidiennement les rues des grandes villes espagnoles voient déferler des flots contestataires qui commencent à converger : personnels de la santé, contre la privatisation en marche de leur secteur ; enseignants, contre le sabrage budgétaire , la hausse de 50% des droits d’inscription en fac... victimes des expulsions après saisie de leurs domiciles par les banques ; le "crack" spéculatif immobilier et les crédits hier "faciles", devenus aujourd’hui "pourris", irremboursables, ont passé la corde au cou de milliers de familles.
 
La "Plateforme des victimes des "hypothèques" et des expulsions" harcèle jour après jour le gouvernement. Elle a contraint le Parti Populaire et les socialistes à décider d’examiner aux Cortés une "Initiative législative populaire", soutenue par 1,4 millions de signataires. Plusieurs dizaines de simples citoyens et même des couples, ont préféré se suicider que d’être jetés à la rue par les banques, désormais propriétaires de leurs appartements et maisons, dont ils ne peuvent plus rembourser les traites. L’opinion publique en a été traumatisée. La colère monte.
 
La "Plateforme" et le "Mouvement (citoyen) 15M" occupent des appartements "hypothéqués", s’opposent physiquement aux expulsions, sous les coups des forces de "l’ordre". Ils qualifient l’arnaque immobilière gigantesque de "génocide financier".
 
En six ans, 420 000 familles ont été ainsi spoliées ; ces organisations entendent bloquer les 220 000 nouvelles expulsions, "absolument intolérables". La coalition de gauche Izquierda Unida, regaillardie, est donnée à 16%. Elle prône une "République sociale, fédérale", "socialiste".
 
Et pendant ce temps...Le vice-président du Medef espagnol, la CEOE, le sieur Arturo Fernandez, est accusé de payer ses employés "au noir"....Le gendre , de moins en moins présumé "ripoux", du roi, monsieur Urdangarain, aurait demandé 15 000 euros mensuels pour promouvoir la candidature de Madrid aux Jeux olympiques 2016...Il est aussi impliqué dans d’autres scandales (sa Majesté n’en savait rien) ,et a tant de casseroles au postérieur qu’il finira par devenir quincaillier.
 
Madame Cristina Cifuentes, déléguée du gouvernement de droite pas très droite, de la Communauté de Madrid, s’est moquée de manifestants contre la corruption. Madame n’a pourtant pas les mains très propres...Un nouveau "caso" de corruption financière, "l’affaire Barcenas"(du nom de l’ex trésorier du Parti Populaire), venant après le scandale Gürtel, porte sur des sommes considérables qui auraient été "reçues", notamment du patronat, au profit d’ élus et de dirigeants du Parti conservateur au gouvernement. Une "comptabilité B" a été découverte ; elle permettait à l’appareil du Parti Populaire de verser des sur-salaires aux chefs de la droite. L’un des principaux bénéficiaires de la manne aurait été l’actuel chef du gouvernement, Mariano Rajoy, pour qui le franquisme n’est qu’un "régime autoritaire", et dont la politique saigne les Espagnols (le taux de chômage atteint désormais 56% chez les jeunes).
 
La ministre de la Santé, la cynique dame Ana Mato, celle là-même qui soutient allègrement la privatisation des hôpitaux de la Communauté de Madrid, est impliquée dans les deux affaires, "Gurtel" et "Barcenas" (toutes deux mettant en cause la droite, le PP, et d’ailleurs imbriquées, selon le juge Garzon) ; elle refuse pourtant de démissionner. Lorsque Garzon fut liquidé, rappelons qu’ il instruisait précisément "l’affaire Gurtel"...
 
Les recettes austéritaires FMI, BCE, Banque Mondiale, Union Européenne... appliquées avec zèle en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Italie, en France... produisent misère, exclusion, précarité, appauvrissement, chômage de masse, désespérance, déchirement du tissu social, colère populaire, et même FAIM. 20% des enfants espagnols vivent aujourd’hui dans la pauvreté. On avance vers l’avenir à reculons !
 
Les vagues de refus se succèdent. Faisons-les grandir et converger vers des alternatives de rupture avec le "libéralisme" délétère, destructeur des hommes et de leur environnement. En Amérique latine, les "révolutions" sont parties "d’en bas", dans des contextes similaires... Un exemple (nullement un modèle). Réunis à Cadix en novembre 2012 pour un "Sommet ibéro-américain", la plupart des pays latino-américains critiquèrent vivement les "recettes néo-libérales" qui enfoncent l’Europe dans la crise. De quoi se mêlent-ils ?
 
Jean Ortiz
 
 
 
 
 
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