Nasrallah à Israël : "Nous ne voulons pas la guerre, mais la Résistance est prête militairement à la faire"

"Comme l'Etat hébreu s'octroie des droits, nous nous donnons le droit aussi de faire face à l'ennemi israélien à tout endroit et à tout moment et de la façon que nous jugerons adéquate".

 

 

Le Hezbollah ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, mais si elle est nécessaire, il est prêt à la faire et ne la craint pas. Tel est la teneur du discours donné vendredi par le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, un peu moins de deux semaines après le raid israélien perpétré à Kuneitra, sur le plateau syrien du Golan.

Dans ses premières déclarations depuis le raid, le leader chiite, dont le discours était retransmis par vidéoconférence, a commencé par rendre hommage aux six combattants du parti tués lors du raid israélien du 18 janvier qui a aussi coûté la vie à un général des Gardiens de la révolution iranienne. Sur le fond d'écran, à côté de son visage, étaient placés les portraits des six combattants tués lors du raid israélien. "Je remercie également le peuple libanais qui nous a entourés et qui a soutenu toute décision que la résistance pourrait prendre après l'attaque meurtrière", a ajouté Nasrallah, devant des centaines de militants réunis dans une salle de la banlieue sud de Beyrouth.

Mercredi, le Hezbollah a attaqué un convoi de l'armée israélienne à proximité de la frontière libanaise, dans le secteur occupé des fermes de Chebaa. L'attaque au missile contre le convoi israélien, lors de laquelle deux soldats israéliens ont été tués et sept autres blessés, a été revendiquée par une "brigade des martyrs de Kuneitra".

Au sein du 14 Mars, de nombreuses voix se sont élevées contre l'opération du Hezbollah contre la patrouille israélienne, critiquant le fait que la décision de guerre et de paix soit entre les mains d'un parti.

En introduction de son discours, le leader chiite a également tenu à saluer les sacrifices des martyrs de l'armée libanaise tombés lors des combats contre les jihadistes à Ras Baalbeck, dans la Békaa. Il a salué de "braves soldats" qui ont fait face aux groupes takfiristes "qui ont poursuivi ce que Israël a commencé".

 

(Voir les images de l'attaque ici)

 

"Netanyahu rend même régulièrement visite aux blessés d'al-Nosra"

Sur les takfiristes, le leader du Hezbollah a accusé Israël de collusion avec le Front al-Nosra, branche syrienne d'el-Qaëda. A la frontière d'Israël, sur le plateau du Golan, se trouvent des milliers de combattants armés du Front al-Nosra, a-t-il déclaré. "Israël ne semble pas inquiété de cette présence. Au contraire (le Premier ministre) Benjamin Netanyahu et (le ministre de la Défense) Moshé Yaalon couvrent cette présence", a lancé Nasrallah. "Les groupes takfiristes sont l'allié de l'ennemi israélien. Il s'agit d'une nouvelle armée de Lahd syrienne (en référence à l'armée de Antoine Lahd, alliée d'Israël, au Liban-Sud) même si elle brandit la bannière de l'islam", a-t-il ajouté. Et de poursuivre, ironique : "Netanyahu rend même régulièrement visite aux blessés d'al-Nosra".

 

"Ni l'Iran ni nos amis n'acceptent que nous soyons humiliés"

Revenant sur le raid israélien à Kuneitra, qu'il a qualifié d'"assassinat prémédité", le secrétaire général du Hezbollah a souligné que "le mélange du sang libanais et iranien versé en terre syrienne, lors de l'attaque de Kuneitra, est une preuve de l'unité de notre cause contre Israël". 

Hassan Nasrallah a également assuré que le parti a décidé, "sur le champ" de répondre au raid de Kuneitra. Certains misaient sur une intervention de l'Iran, engagé dans des discussions avec les grandes puissances sur le dossier du nucléaire iranien, pour empêcher le Hezbollah de riposter, a-t-il indiqué. "Mais je vous assure que ni l'Iran ni nos amis n'acceptent que nous soyons humiliés", a martelé le leader chiite. Il a tenu à souligner que ni la présidentielle libanaise, ni la riposte du Hezbollah au raid de Kuneitra ne sont liés au dossier du nucléaire iranien.

Et le chef du parti chiite de poursuivre : "L'ennemi était conscient que toutes les options étaient ouvertes depuis le jour de l'attaque". "La résistance a pris sa décision sur le champ : nous devions riposter, a souligné Nasrallah. Nous avons bien étudié notre riposte et nous nous sommes préparés au pire, mais nous étions prêts au sacrifice et prêts à subir toutes les conséquences".  "Malgré le niveau d'alerte maximale de son armée, l'Etat hébreu a été incapable d'empêcher notre opération", s'est-t-il félicité.

 

"Ne nous testez plus"

Le leader du Hezbollah a également noté qu'Israël, "cancer de la région", devient "de plus en plus arrogant", et regretté que l'Etat hébreu profite des divisions arabes.

Le discours s'est achevé sur une mise en garde adressée à Israël. "Après l'attaque de Kuneitra, vous nous avez testés. Je vous dis maintenant +ne nous testez plus+", a lancé le leader chiite, car la résistance n'est pas affaiblie et ne le sera jamais". "Nous ne voulons pas la guerre (...) mais la Résistance est prête militairement à la faire car nous n'avons pas peur", a-t-il martelé.

"Comme l'Etat hébreu s'octroie des droits, nous nous donnons le droit aussi de faire face à l'ennemi israélien à tout endroit et à tout moment et de la façon que nous jugerons adéquate", a-t-il ajouté. "Si un cadre ou jeune membre de la résistance est tué, nous en ferons assumer à l'Etat hébreu les conséquences et nous riposterons de la façon que nous jugeons adéquate, a-t-il menacé. Les règles de l'affrontement ne veulent plus rien dire pour nous".

 

Eviter la surenchère

L'armée israélienne a dit considérer l'attaque de mercredi comme la plus grave depuis la guerre de 2006 avec le Hezbollah. "Tsahal (l'armée israélienne) réagira", avait martelé Youval Steinitz, ministre proche du Premier ministre Netanyahu.

Les deux camps pourraient toutefois chercher à éviter la surenchère et semblent l'avoir fait savoir à l'ennemi. Jeudi, le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, a fait état ouvertement à la radio d'un message que le Hezbollah a selon lui fait passer à Israël par l'intermédiaire de la Force intérimaire des Nations unies au liban (Finul) et "selon lequel de leur point de vue l'incident est terminé". De l'autre côté, le ministre libanais du Travail, Sejaan Azzi, a fait état auprès de l'AFP d'assurances transmises par de grands pays selon lesquelles "Israël ne cherchera pas l'escalade militaire".

De manière significative, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui avait assuré la veille que "ceux qui sont derrière l'attaque en paieront le prix", s'en est pris davantage jeudi à l'Iran qu'au Hezbollah. "C'est l'Iran qui est responsable de l'attaque d'hier", a-t-il dit, poursuivant son offensive tous azimuts contre la République islamique.

 

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