l’identification absolue avec les politiques de la droite conduit à l’effondrement ». Et d’ajouter : « Nous ne reconnaissons pas dans les choix de François Hollande une politique de gauche. Mais nous disons qu’il faut profiter des fissures dans le front de l’austérité pour rechercher des appuis et a rmer nos positions.» À Athènes, l’image des femmes de ménage applaudissant Georges Katrougalos traduit l’état d’esprit des salariés au sortir de quatre années de sou rances sociales. Mais Jean-Claude Juncker, le président de la Commission
européenne, semble ne pas en prendre la mesure quand il a rme que si « des arrangements sont possibles, ils n’altéreront pas fondamentalement ce qui est en place ». Même ton de fermeture, même inquiétude chez Emmanuel Macron, qui refuse « toute dérogation, sinon quel signal enverrions-nous aux autres gouvernements » ? Autant dire que la mobilisation contre l’austérité organisée par Podemos, samedi à Madrid, sera observée à la loupe. Le vent d’Athènes atteindra-t-il les côtes espagnoles ?
La grande "marche pour le changement" à Madrid intervient moins d'une semaine après la victoire de Syriza, dont les dirigeants ont régulièrement fait campagne aux côtés de ceux de Podemos. Issus de deux des pays européens ayant vécu le plus durement la crise, avec encore plus d'un cinquième de leur population active au chômage, Podemos et Syriza partagent le même rejet de la troïka (Banque centrale et commission européennes, Fonds monétaire international). Selon eux il faut mettre fin à l'empire de la finance internationale qui oublie l'humain et poser la question d'une restructuration de la dette.
Aux cris de "Oui, nous le pouvons!" et "tic tac tic tac", les manifestants ont rappelé au président du gouvernement conservateur Mariano Rajoy que les sondages donnent le parti de gauche Podemos ("Nous pouvons") en tête des intentions de vote en vue des élections régionales en mai et législatives à la fin de l'année. Le rassemblement de samedi est le plus grand jamais organisé par le parti issu du mouvement des "Indignés". "Le vent du changement a commencé à souffler sur l'Europe", a déclaré Pablo Iglesias, le leader du parti, devant une foule compacte réunie place de la Puerta del Sol dans le centre de Madrid, brandissant drapeaux grecs et républicains de la gauche espagnole. La foule a écouté avec ferveur Pablo Iglesias, 36 ans, et sa jeune équipe, en scandant régulièrement, poing droit levé "Si se puede, si se puede! (Oui c'est possible!)".
"Les gens en ont marre de la classe politique", a déclaré Antonia Fernandez, une retraitée de 69 ans, expliquant qu'elle votait jusqu'alors pour le Parti socialiste mais que celui-ci s'est discrédité à cause de sa gestion de la crise économique et de son soutien aux mesures d'austérité. "Si nous voulons avoir un avenir, il nous faut des emplois", a-t-elle conclu.
Après sept années de crise profonde, l'Espagne est un des pays de la zone euro qui bénéficie de la croissance économique la plus soutenue mais ces bonnes statistiques ne se traduisent pas encore de manière significative sur le niveau de vie de la population, alors qu'environ un Espagnol sur quatre est au chômage. Dans ce contexte, la promesse du nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras de mettre fin à "l'humiliation et la souffrance" trouve un fort écho en Espagne.
La formation de Pablo Iglesias a bouleversé le paysage politique espagnol. Podemos qui se dit "ni de gauche ni de droite" a été fondé il y a tout juste un an à la suite du mouvement des indignés. Podemos a créé la surprise dès mai 2014 en obtenant 1,2 million de voix, cinq députés, aux Européennes. Depuis, son ascension dans les sondages a été fulgurante, dépassant régulièrement le Parti socialiste et parfois même le Parti populaire (droite) au pouvoir, devenant théoriquement la première ou deuxième force politique.