"Que la Coupe du monde aille se faire foutre"

"Que la Coupe du monde aille se faire foutre"

Un jeune masqué pendant une manifestation contre les dépenses liées à la Coupe du Monde 2014. Sur son T-Shirt est écrit "Que la Coupe [du monde] aille se faire foutre"

Ce jeudi 15 mai sont organisées dans tout le pays des manifestations contre la Coupe du monde. Un test grandeur nature pour les mouvements sociaux, qui ont juré de faire parler d'eux au cours de l'événement, mais surtout pour le gouvernement, qui veut garantir que le Mondial sera "une fête".

 

 

"Le Planalto [palais présidentiel brésilien] voit les manifestations d'aujourd'hui comme un thermomètre pour la Coupe du Monde" titre le journal Folha de São Paulo ce 15 mai. A un mois du coup d'envoi de la compétition, des manifestations sont prévues dans une cinquantaine de villes du pays. Pour le cabinet de sécurité interne (GSI) brésilien, "le plan de préparation pour la Coupe du monde pourra être altéré selon le comportement et le succès des manifestations de ce jeudi".

Une contestation qui monte depuis un an

La Coupe du monde de football organisée au Brésil est la cible privilégiée d'une partie des manifestations qui agitent le pays depuis presque un an. "Se não tiver direitos, não vai ter Copa" ("Si je n'ai pas de droits [sociaux], vous n'aurez pas de Coupe [du monde]") a été un des slogans qui a unifié des mouvements sociaux divers ayant touché le pays du nord au sud. 

Les manifestants contestent les sommes faramineuses [11 milliards d'euros] engagées par le gouvernement brésilien afin de répondre "aux critères Fifas" ("padrões Fifa"), nécessaires à l'organisation de la Coupe du monde de football. Le chanteur brésilien Edu Krieger a même fait une chanson sur cette situation, devenu un hymne anti-Coupe du monde.

"Vous n'aurez pas de Coupe du monde"

Le 20 février, en pleine effervescence "Black Block" [série de manifestations violentes dans les grandes villes brésiliennes], le quotidien Folha de São Paulo évoquait "des convocations de manifestations autour des 11 stades du Mondial le jour même de l'ouverture de la compétition, le 12 juin prochain". Le Correio do Brasil relatait le 8 mai le début de la campagne "Copa sem povo, Tô na rua de novo" ("Une Coupe [du monde] sans le peuple, je suis à nouveau dans la rue"). 

Cette campagne, composée d'un agenda dense d'événements et de manifestations, est organisée par un ensemble de réseaux et de mouvements sociaux tels que le Mouvement des sans-terre (MST) et divers mouvements de mal-logés (comme le Movimento Popular por Moradia [Mouvement populaire pour un logement] ou le Movimento dos trabalhadores sem teto [Mouvement des travailleurs sans abri]). Les revendications sont précises et réclament, entre autres "une baisse des loyers et du coût des transports, la création de vrais services publics de la Santé et de l'Education".

 
 
 
 
Lutte internationale pour le droit à manifester
 
 
 
 
 

Selon le Jornal do Brasil, ce 15 mai a été baptisé "jour international de lutte contre la Coupe du monde". Les organisateurs citent comme point de départ à cette convocation la mort de "9 ouvriers dans les chantiers des stades" et le "déplacement forcé de 250 000 personnes pour la construction" de ceux-ci. Mais la principale pierre d'achoppement reste l'affirmation de "la garantie de liberté de manifestation avant, pendant et après la compétition". Le journal cite les organisateurs qui déclarent que "ce droit constitutionnel est menacé par une série de lois contre le droit de manifester et par la recrudescence des forces policières". 

Le site Agencia Brasil évoquait le 8 mai dernier le début d'une campagne d'Amnesty International visant justement à réclamer une liberté de manifestation au Brésil : "Amnesty International a envoyé à tous les gouverneurs [brésiliens] et aux responsables de la sécurité publique un manuel des bonnes pratiques de police pendant les manifestations".

Relayer l'information pendant la Coupe du monde

Toujours selon le Jornal do Brasil,de nouvelles manifestations sont prévues à Rio de Janeiro et à São Paulo pour les 23 et 24 mai avec comme slogan : "Vous n'aurez pas de Coupe du monde !" Mais ce sont surtout les grèves qui mettent la pression sur le gouvernement de Dilma Rousseff. Depuis le 13 mai, les transports routiers, les cadres administratifs et le personnel enseignant de l'Etat de Rio de Janeiro sont en grève. Toujours selon le quotidien brésilien, d'autres grèves sont à signaler dans le domaine culturel et dans les consulats brésiliens sur le continent américain et en Europe.

Selon le journal Folha de São Paulo, le média alternatif Midia Ninjaqui s'était illustré par sa couverture des récentes mobilisations, est en train d'organiser un "hub" [un réseau] international qui permettra de relayer les informations relatives aux mobilisations pendant l'événement. Même si, comme l'indique un militant cité par le journal, "personne ne sait ce qui va vraiment arriver". Néanmoins, selon un autre militant : "Si les choses explosent à São Paulo, le monde entier va vouloir venir" et "nous nous organisons pour que, si cela prend feu, nous puissions produire et diffuser de l'information de façon coordonnée".

La police et l'armée brésilienne se préparent

Pendant ce temps, échaudée par les manifestations parfois très violentes qui ont embrasé le pays l'année dernière, la police brésilienne s'organise. Selon O Globo "la police de Rio de Janeiro [où se jouera la finale de la Coupe] a été renforcée par plus de 1 000 éléments venant d'autres Etats". Toujours selon O Globo, le schéma de sécurité de la Coupe est divisé en trois axes, "la défense [des stades] par les forces armées, la sécurité publique par la police fédérale et la surveillance, coordonnée par l'agence brésilienne de renseignements (Abin). Au-delà d'un renfort de 10 000 hommes, il y a 2 500 soldats de la marine [...], les policiers des transports, les policiers municipaux et les pompiers." Toujours selon le site brésilien, l'espace aérien, maritime et les structures stratégiques comme les raffineries seront également protégées par les forces armées pendant la durée de la compétition.

Le quotidien portugais Público rappelle qu'alors que Felipe Scolari présentaient les joueurs sélectionnés pour le mondial, la police fédérale brésilienne protestait à l'extérieur même de l'édifice où se tenait la conférence de presse. Manifestant pour de meilleures conditions de travail et une augmentation des effectifs, la police fédérale brésilienne a clairement menacé de faire grève pendant la Coupe du monde. Pour Público, "une possible paralysie de la police fédérale pendant la Coupe du monde de football peut directement affecter divers services dans le pays, notamment le contrôle de l'immigration dans les aéroports".

Un ministre des Sports optimiste

Néanmoins, comme l'indique le site brésilien d'information Terra, le ministre des Sports brésilien semble serein et optimiste. Aldo Rebelo déclare que "les manifestations pendant le tournoi ne seront que des actes isolés et que les protestations n'empêcheront pas la tenue du Mondial", avant d'ajouter : "Je crois que l'ambiance de la Coupe du monde sera à la fête et à la fraternisation". 

Le secrétaire général de la Fifa Jérome Valcker a déclaré à la chaîne de télévision brésilienne Espn que si les manifestations prennent comme cible la Fifa, cela serait une "'erreur", faisant écho à l'intervention de Michel Platini qui demandait aux Brésiliens "de laisser les manifestations pour après la Coupe du monde" et de "montrer la beauté de leur pays et leur amour du football".
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